

Rares sont les témoins de l’architecture néo-renaissance à Arras… En effet, avec l’hôtel particulier de Miauwe (ou de Cardevacque), l’hôtel de Saint-Omer ou une demeure de la rue du Général Barbot, cette discrète bâtisse de la moitié du XIXe siècle, sise 104 rue d’Amiens, fait partie des derniers vestiges de ce style architectural où le seul mot d’ordre est la richesse des décors.
Il ne reste plus une seule pierre n’ayant pas été sculptée ! On trouve ainsi des encadrements et linteaux de fenêtres moulurés, des consoles taillées aux culots formants des têtes de lions, des corniches sculptées aux formes ovoïdes avec modillons, ainsi que des caissons à rosettes surplombées d’un chêneau en plomb moulé de têtes de satires. La superbe lucarne-fronton à enroulement est positionnée dans l’axe de la demeure.
Mais la pièce maîtresse de cette demeure réside entre le rez-de-chaussée et le premier étage. Que dire de ce somptueux rinceau historié symbolisant la Fable de Jean de La Fontaine, « Le Corbeau et le Renard » (ci-dessous) ? Peut-être ne l’aviez-vous pas remarqué mais l’on peut apercevoir un renard tentant d’attraper un oiseau, de part et d’autre d’un mascaron aux traits féminins. Peut-être que cette dernière est Marie de Héricart, « Mademoiselle de La Fontaine », l’épouse de l’auteur ?




Fait malheureux : sur ces quatre derniers témoins, trois sont aujourd’hui fortement dégradés… Alors espérons que dans les prochaines années ils connaissent un ravalement soigné les mettant en valeur comme il se doit !
Pour ma part, je suis en adoration devant cette façade très riche !
Tellement riche, il faut le dire, qui pourrait choquer certaines personnes. Ces dernières verraient ici une exubérance beaucoup trop marquée et préféreraient les constructions récentes. En rupture nette avec les précédents styles architecturaux, le mouvement moderne se caractérise par des formes simples et sobres, puisque selon l’architecte et designer viennois Adolf Loos et ses adeptes, l’ornement serait « une survivance du passé, un archaïsme barbare qu’il faut éradiquer » (Ornement et crime, 1908). Il posa ainsi les bases de ce mouvement très apprécié, qui a d’ailleurs fêté ses 100 ans (fondation du Bauhaus en 1919).
Je vous invite vraiment à vous rendre dans la rue d’Amiens pour découvrir cette demeure ainsi que les bâtiments du Diocèse juste en face et d’autres chefs-d’oeuvre à proximité.
A bientôt dans les rues d’Arras …
Max. D. – @danslesruesdarras
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